« J’ai pensé à toi pour un tour en M4 DTM demain matin » La phrase, prononcée autour d’un bon dîner, a tourné en boucle une partie de la nuit dans mon petit cerveau. Un peu comme la chanson de la reine de Neiges « libérée, délivrée… » Du coup, le sommeil a eu du mal à se faire une place et à éteindre l’incendie.
La mise de la combinaison fait monter la pression
Il est environ 11 heures sur le circuit de Nevers Magny-Cours, où BMW annoncera dans quelques minutes un grand partenariat avec la piste nivernaise, quand le message me parvient : « rends toi au stand de la M4 DTM, ça va être ton tour. » Il n’en fallait pas plus pour que, prestement, je me précipite au lieu du rendez-vous susnommé.
Un membre du team m’accueille sympathiquement et me tend une combinaison aux couleurs de BMW Motorsport. Il y a ajoute une cagoule, un casque, des gants, un système Hans et des protections pour les oreilles en prenant le soin de préciser « vous allez en avoir besoin » le tout accompagné d’un sourire.
Une fois équipée, il ne me reste plus qu’à patienter et à constater que le coeur bat un peu plus vite.
Elle arrive. La pression monte.
Les mécaniciens sortent du stand pour aller accueillir sa majesté la M4 DTM. Elle arrive dans un bruit incroyable, avec une flamme à l’échappement (photo ci-dessus), manoeuvre pour se mettre « cul » vers les stands et le pilote donne un bon coup de gaz qui a du s’entendre très loin. Le ballet est bien rodé et les membres du team font reculer la M4 DTM dans son box. La portière passager s’ouvre et est démontée en quelques secondes. Une plaque de métal est posée pour protéger le passager de l’échappement brulant et de tout souvenir douloureux.
C’est mon tour. Telle une gazelle (enfin presque…) je me glisse à l’intérieur. Une jambe en premier, en prenant appui sur la plaque de fer, puis la seconde et on tombe dans le siège de course. Assis au ras du sol, je ne peux même pas tourner la tête pour saluer Marco Wittmann et lui donner quelques conseils de pilotage (roohhh ça va si on peut plus rigoler). On patiente un peu dans le stand ce qui me permet de savourer l’instant avant que le team manager ne fasse un signe qui indique que tout est prêt et que l’on peut allumer le réacteur, pardon, le moteur.
Marco Wittmann n’a pas fait semblant
Dans ma tête, une question me taraude : « Marco Wittmann va-t-il envoyer du lourd ou me faire un tour pour touriste, coude à la portière ? » Après seulement quelques mètres dans la voie des stands, je suis fixé sur mon sort : une grosse accélération avec un bon patinage pour chauffer les pneus, ça répond à toutes les questions.
A partir de là, je ne sais plus tellement comment vous décrire les sensations. Le V8 hurle à la mort, les slicks mordent dans l’asphalte, les harnais tentent de vous retenir sur les freinages… Le plus impressionnant, ce n’est pas l’accélération, c’est la vitesse de passage en courbe. Mon « chauffeur » attaque et il gère parfois de francs sur-virage. Il maitrise avec brio (ça m’arrange…) et on se dit que deux tours, c’est trop court. Alors on savoure chaque seconde de ce moment privilégié.
Au final, on comprend mieux ce que le V8 de 4.0 a dans les tripes quand il souffle ses 500 chevaux (environs) pour mouvoir les 1100 kilos de la bête… Equipée d’une boite de vitesses à 6 rapports identique pour tout le monde afin d’abaisser les coûts, la M4 DTM ne disposait pas d’un setup spécial. Elle reçoit cependant un plus petit réservoir d’essence pour laisser la place au siège passager. De là à dire que j’étais assis sur un baril d’essence…
Texte, photos et vidéo : P. HORTAIL