BMW Série 3 E21 / Les spécialistes de la marque la connaissent sous le nom E21, modèle qui a lancé la Série 3 produite de fin 1975 à fin 1983 à plus de 1,3 million d’exemplaires. Aujourd’hui, nous nous penchons sur la 316.
1976 restera l’année où j’ai commencé à essayer des voitures pour les magazines auto. BMW se faisait encore un peu tirer l’oreille pour m’inviter. Mais j’étais copain avec un vendeur dans une concession BMW dont il deviendra PDG ce qui m’autorisait à pouvoir en prendre le volant. Amitiés qui donna le jour en 2014 dans ce même blog au sujet » J’ai vendu 10 000 BMW » – Ce n’est pas pourtant pas grâce à lui que j’ai pu essayer la nouvelle 316 mais à mon ex-beau-frère qui venait d’en acheter une BMW Série 3 E21. Et j’ai encore le souvenir du jour de juin 1976 où nous sommes allés la commander. Son vif succès exigea qu’il patiente plusieurs longs mois avant d’en prendre le volant.
Déjà vendue sans l’essayer !
Par son charme, la BMW Série 3 E21 était déjà pratiquement vendue déjà dans le show-room (on disait hall à l’époque) avant l’essai routier ce qui est un comble pour une BMW. Cette E 21 (E signifiant entwicklungsnummer – Numéro de développement- , ça se prononce comme ça s’éternue !) succédait à la célèbre Série 2 fabriquée de 1966 à 1975. Atout numéro un avec sa ligne qui était jugée terriblement séduisante même si d’aucuns reprochaient une certaine lourdeur à la poupe. Elle sera allégée en 1977 par un bandeau en plastique noir strié rejoignant les feux rouge entre eux.
Avec sa face avant inclinée plus agressive peinte en noir, ses flancs plus hauts, ses ailes plus marquées, la Série 3 affichait une silhouette plus musclée que la précédente 1602. Lorsque le vendeur soulevait le grand capot dit de sécurité dont l’originale cinématique le repoussait vers l’avant, le futur acheteur était subjugué par l’énorme boite aux fusibles protégés par un cache en plastique transparent. Gage de la fameuse » Deutsch qualitat ». Il était aussi rassuré par l’imposant volume de la mécanique qui n’était pourtant qu’un petit 1600 cm3 de 90 ch dans le cas de mon beau frère. C’était du zolide! Cette mécanique équipait alors les Formules 2 d’alors en 2 litres avant d’animer les F1 en turbo 1500 !
Lumière orange, la pamoison !
Argument fort aussi avec l’ouverture de la malle avec visite en détail de la trousse à outils intégrée dans le couvercle. Époque où les voitures n’avaient plus de trousses de secours sauf les Lada. Mais si la vente n’était pas encore conclue, elle le devenait assurément quand le client subjugué entrait dans l’habitacle. S’il n’était pas d’une farouche gaité, il respirait la robustesse allemande. Net et précis. Face à une sublime planche de bord de couloir noire aux cadrans ronds orientés vers le conducteur, ce dernier était conquis. Encore plus lorsqu’il manipulait à l’arrêt le bref et précis levier de vitesses émergeant de la console centrale. À cette époque, nos voitures françaises concur
rentes offraient des planches de bord pitoyables tant au niveau du design que de la qualité des plastiques (Renault et Citroën). Enfin, le bon vendeur portait l’estocade finale en tirant le bouton rond qui allumait les phares en illuminant de orange (du jamais vu) l’instrumentation ! Mieux que le buisson ardent de Moise ! Après cela, l’essai n’était plus qu’une simple formalité.
Les qualités et les défauts des BMW Série 3 E21
Avec 90 chevaux, la 1600 n’était pas un foudre de guerre mais les versions 320 de 109 ou 120 ch en injection étaient là pour séduire les vrais Bmwestistes. Mon beau frère achetait d’abord une BMW avant des performances et sortant d’une GS, la 316 lui semblait être un avion de chasse (165 km/h). Il apprécia la précision de la boîte de vitesse, la justesse de la direction pas assistée, la suspension ferme. Bref, tout ce qui faisait et fait encore le charme d’une BMW et aussi ses défauts ; un éclairage indigent sur la 316 équipée de 2 phares seulement et des sièges très durs pour ses lombaires déjà fatiguées et une motricité aléatoire sur le mouillé.
Il m’avait prêté sa BMW dont j’ai pu apprécier les qualités. Elle était de couleur verte flashy avec un intérieur en tissus beige hyper-salissant mais on trouvait cela beau à cette époque. Un peu déçu par le brio du moteur 1600, je n’avais pas osé lui dire car pour lui acheter une BMW c’était le rêve de sa jeune vie. D’autant qu’elle était vendue une jolie somme en 1976 avec un peu plus de 30 000 francs (40 000 euros environ). Mais dans ce segment de prix, il n’y avait aucune concurrence française sérieuse excepté la 504 GL, R16 TS ou CX 2000 bien moins excitantes pour un type de 25 ans. Plus tard, j’ai pu conduire d’autres BMW E21. Je fus subjugué par la 323 autant en version de série qu’en version Hardge 177 ch à l’émouvante symphonie lâchée par son échappement spaghetti. Je crois avoir conservé l’essai dans mes archives. Une prochaine fois peut-être !
Patrice Vergès