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Les souvenirs de l’Oncle Pat : la BMW 524 TD

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Une présentation décriée

Lorsqu’elle a été dévoilée en juillet 1983, la BMW 524 Turbo Diesel n’a pas suscité que des commentaires positifs. Au contraire ! Beaucoup de passionnés ont reproché au constructeur allemand de se lancer dans le diesel, dont l’image était antinomique avec celle de BMW.

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« Bob » Séjourné, un excellent journaliste auto que je salue bien bas, avait même titré dans le magazine l’Automobile, « Un mariage contre nature ?« . On comprenait mal que le constructeur allemand, qui s’était construit une excellente image sportive et dont toute la gamme était synonyme de performances, présente une voiture de chauffeur de taxis. C’était d’ailleurs le fond de commerce avec les charcutiers de son concurrent Mercedes. A cet égard, lors de son lancement, BMW nous jura ses Grands Dieux que la 524 TD ne serait pas vendue aux chauffeurs de taxis à qui la marque n’accorderait aucune réduction ni de facilité de montage pour le compteur spécifique installé sur la boîte de vitesses.

La plus puissante du marché

Comme son nom l’indique, réalisée sur la base de la Série 5 de type E28 (1981/1987), la 524 TD se glissait entre les 520 et 525 6 cylindres. Elle innovait uniquement par son bloc moteur 6 cylindres dérivé du 325 essence mais diéselisé et fabriqué en Autriche chez Steyr. BMW, droit dans ses bottes, affirma que c’était la première 6 cylindre diesel du marché en oubliant perversement les Volvo 240 à moteur du fourgon Volkswagen LT et la Datsun Cédric. Où la 524 TD mettait tout le monde d’accord, c’était au niveau de la puissance puisqu’elle annonçait 115 chevaux ! Un chiffre supérieur a tout ce qui existait alors. Les récentes CX 2500 turbo diesel et 505 2,5 l TD n’en développaient que 95 tandis que la Mercedes W 123 3 litres 5 cylindres se contentait de 88 chevaux, la TD de 125 ch étant encore réservée aux Américains.

La BMW 524 TD se révéla un petit bonheur à conduire. Assez silencieux, son 6 cylindres avait perdu au ralenti le claquement sec et épais caractéristique des moteurs diesels 4 cylindres. À l’intérieur, le silence de fonctionnement était pratiquement le même que celui d’une 525 à essence tout en conservant un agréable feulement quand on ouvrait les gaz. Ses 115 chevaux se montraient toniques autant en accélération, du moins pour l’époque avec le 1000 mètres DA en 34,5 secondes qu’en vitesse de pointe avec plus de 180 km/h. Son turbo KKK n’avait pas de temps de réponse ce qui était encore rare et sa poussée était aussi imperceptible qu’efficace. BMW avait réussi le sans faute pour cette nouvelle mécanique qui animera longtemps autant les Série 3 que 5 sous le nom de 325 TDS et 525 TDS à la puissance accrue.

Si la 524 TD était proche des performances d’une 520 essence de 129 chevaux, elle n’en avait pas la consommation en se contentant de 2 à 3 litres de moins aux 100 surtout en ville où elle ne dépassait pas les 8 litres contre 12 pour l’essence. Enfin gros argumentaire à cette époque où la vignette fiscale conditionnait l’acte d’achat, la 524 TD était seulement une 7 CV fiscaux en boîte mécanique et même une 6 CV en automatique.

Une vraie BMW !

A peine plus lourde du nez, la 534 TD avait conservé les qualités et les défaut de la Série 5, à savoir un train arrière « léger » sous le pluie, une direction assez lourde et des sièges durs comme du bois avec une liste d’options aussi longue que le Bottin parisien. En ce temps, tout était en option à Munich ! Je me suis régalé une semaine au volant de la 524 TD équipée d’une nouvelle boîte automatique à 4 rapports, ce qui était ra re en 1983 où ce genre de transmission n’en comptait généralement que trois. La 4eme à entrainement mécanique évitant le glissement, tirait très long afin d’abaisser la consommation. Pour rétrograder sèchement, il fallait s’aider de la commande de vitesses car le kick-down n’était pas très réactif du moins par comparaison à ce qui se fait aujourd’hui.

Si la BMW était royale sur la route ce qui m’a permis d’être chronométré à 144 km/h contre 90 km/h par la gendarmerie et prendre 2 mois de retrait de permis (que j’ai refusé de rendre en attaquant le préfet en justice car j’étais gonflé à l’époque), son essai sur circuit se révéla décevante. Sur le vrai Charade, la 524 TD montra une boîte auto mal étagée et moins performante que la mécanique à 4 rapports. Enfin, au bout d’un tour de circuit long de 8 km à vive allure avec la fameuse descente de Gravenoire, les quatre freins à disque suffisamment puissants sur la route avouèrent rapidement leur insuffisance. En fait, la 524 TD n’était pas une voiture de course mais une excellente familiale économique et confortable. On imagine qu’elle n’était pas bradée, affichée à 121 000 francs de 1983 soit 10 000 francs de plus que la 520 essence et 5000 francs de moins que la 525 sans oublier les fameuses options. Pour vous donner une idée de son tarif, sachez que le SMIC en 1983 s’élevait à moins de 3500 francs mensuels net !

Par Patrice Vergès

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