Sa longue carrière au sein de BMW France et au siège à Munich (33 ans) a fait de lui un interlocuteur privilégié des passionnés de la marque. C’est à Rétromobile que nous avons eu le plaisir de revenir avec Jean-Michel Juchet sur son riche parcours ! Dans ce premier épisode, on parle de la façon dont il est tombé amoureux de la marque au point d’y faire carrière.
BlogBMW.fr : « Jean-Michel, il semblerait que vous ayez eu, dès votre plus jeune âge, une relation privilégiée avec l’automobile… »
Jean-Michel Juchet : « J’avais la chance d’avoir un papa, Gaston Juchet, qui était le patron du design chez Renault depuis le début des années 60. En plus de son travail habituel, il avait la possibilité d’essayer les voitures de la concurrence. Certains week-ends, mon père et moi allions faire un tour pour échanger nos impressions. Mon premier contact avec BMW, c’était une 2000 Ti Luxe. Elle était superbe, mais elle avait un air un petit peu vieillot quand je regardais les autres productions italiennes. Ensuite nous avons essayé la première 525 à carburateurs, en E12. Je me rappelle encore la couleur, elle était bronze métallisé, une couleur typique de l’époque. Et là, j’ai fait « waouh » ! La série 5 était une belle évolution du design BMW, où on retrouvait par ailleurs un Français, Paul Bracq. Le six cylindres était déjà magique. Ce fut une sorte de coup de foudre. J’avais 13 ans à l’époque. »
BlogBMW.fr : « Cela aurait pu s’arrêter là… »
« Oui ! Mais il se trouve que j’avais une tante dont la famille habitait du coté de Nuremberg (Allemagne). Elle s’appelait Herta, et j’allais en vacances là-bas l’été. Son frère Kurt avait une société de chaudronnerie et il était fournisseur de BMW ! Il roulait en BMW. On se faisait des sorties sur l’Autobahn et on allait à Munich, pour voir la construction de la cité olympique pour les Jeux Olympiques de Munich en 1972 et celle du siège de BMW, le fameux building « quatre cylindres », qui allait être inauguré quasiment en même temps. Jamais je n’aurais imaginé une seule seconde que, dans ce bâtiment en construction, j’allais y travailler quelques années plus tard ! »
BlogBMW.fr : « Quel a été votre parcours pour travailler chez BMW ? »
« J’ai fait mes études à Lyon, ma PMS à Nîmes et mon service militaire comme aspirant à Breisach am Rhein, près de Fribourg. J’ai eu plusieurs possibilités pour mon premier travail, mais aucune dans l’automobile et c’est chez Mobil Oil Française devenu Exxon Mobil que j’ai commencé, avec des projets transatlantiques passionnants. Mais j’avais envie de rejoindre le monde de l’automobile… »
BlogBMW.fr : « Mais comment êtes-vous entré chez BMW ? »
« Il y avait un poste à pourvoir chez BMW France au service marketing événementiel. Nous sommes en 1990 et j’ai 30 ans. Didier Maitret (Président de BMW France) et Octave Manset (Directeur Marketing) m’ont donné ma chance. J’ai commencé par le Mondial de l’Automobile et par Rétromobile où nous exposions avec le BMW Club de France. Je m’occupais aussi des conventions avec les concessionnaires et du marketing sportif dans les domaines du golf et du tennis. Mon premier lancement de produit fût celui des 850i et Z1. Quelle chance de présenter ces modèles devenus mythiques ! Nous avions fait un roadshow à travers toute la France. À cette époque, un client qui commandait une Série 8 avait trois ans d’attente, malgré son prix considérable !
Il y avait une spéculation incroyable et ceux qui voulaient l’avoir plus vite se tournaient vers le marché pour acheter plus cher que le neuf un bon de commande avec un délai de livraison plus court. Cette tendance s’est inversée brutalement avec la crise internationale fin 1992… Tout ce phénomène s’est effondré et on en a eu certaines qui sont longtemps restées dans nos concessions. »
BlogBMW.fr : « Et on a alors dit que la Série 8 n’avait pas été un grand succès… »
« On dit souvent que la Série 8 a fait une carrière en demi-teinte, ce qui n’est pas vrai. Elle valait, à l’époque, 650 000 francs. Elle s’est pourtant au vendu à bien plus de 30 000 unités, ce qui est un beau score pour un tel produit. Mais la crise a torpillé le projet de la version cabriolet qui était une voiture magnifique, il en existe encore deux ou trois chez BMW Classic. Le cabriolet aurait été un bon relais de croissance. Seule la très puissante version CSI a finalement été produite. »
BlogBMW.fr : « Le Z1 jouit d’une jolie cote d’amour chez les passionnés de la marque »
« On a fait la promotion du Z1 en sponsorisant des compétitions de Polo. On lançait la balle assis au volant d’une BMW Z1 pour donner le coup d’envoi du match et on partait en vitesse avant que toute la cavalerie ne débarque !
Je me rappelle aussi les balades dans Paris, où je me suis fait arrêter par la maréchaussée juste pour admirer la voiture ! Une autre fois, dans une petite rue de la montagne Sainte-Geneviève (Paris), j’entends une voix qui dit, « attendez, attendez ! » Dans mon rétroviseur, je vois une jeune femme. En anglais, elle me dit « je peux venir avec vous ? » Je lui fais remarquer qu’on est déjà deux avec mon amie dans le Z1… donc il n’y avait plus de place. Elle insiste et je la fais assoir sur le couvre capote entre mon amie et moi Elle voulait absolument à faire un tour avec Z1 ! On était morts de rire…»
Après cette première partie de carrière, Jean Michel Juchet a ajouté une corde à son arc en prenant en main l’implication de BMW dans le sport automobile français. La suite au prochain épisode !
Propos recueillis par P. HORTAIL
Photos : JM JUCHET