Suite de nos essais en ce début d’année chargée chez BMW Motorrad (voir test de la S1000 RR 2015) avec le roadster R 1200R, équipé du fameux Flat-Twin. Issu d’un longue tradition de plus de 90 ans chez BMW, il nous revient, revu de fonds en combles pour notre plus grand plaisir.
Plus moderne
Ce qui frappe le plus avec la nouvelle R 1200 R, c’est la très forte évolution de son design. On passe d’un look néo-rétro avec l’ancienne version à un type nettement plus moderne, au risque de dérouter les aficionados.
Cela commence par le phare avant, avec ses LED (en option…) qui offre un éclairage diurne qui permet d’être mieux vu. Il se substitue aux veilleuses de série faisant appel à des ampoules incandescentes, prend la forme marquée d’un haltère en « H » et passe en feu de croisement tout seul, pour mieux voir la route, quand il l’estime nécessaire.
Ensuite, on note la présence d’une partie arrière courte et relevée, d’un réservoir musclé et d’une partie avant basse et ramassée prolongée par une fourche normale… Oui, oui… Vous avez bien lu : le Télever a été abandonnée ! Interrogé sur le sujet ici, Marcel Driessen, Directeur de BMW Motorrad France, explique la raison : « c’est tout simplement pour des raisons esthétiques, car on voulait conserver le dynamisme de la moto. Le refroidissement par liquide a été installé, et il y avait besoin de place pour intégrer les radiateurs. Malgré l’absence de ces suspensions, elle reste assez polyvalente. » Progrès ou perte ? Nous aborderons le sujet plus loin…
Enfin, la partie arrière se termine par un ensemble optique dessinant deux brides en C, alors que le silencieux aux contours pentagonaux dégage la vue sur la roue arrière et son monobras.
Pour ce qui est du choix des couleurs, BMW parle « d’harmonies » et en propose trois :
Base : Teinte Cordoba blue, cache central de réservoir en matière synthétique peinte de couleur contrastante Granite grey metallic matt, coloris de cadre noir et étriers de frein anodisés noir.
Style 1 : Teinte Light white, signature « R » grand format, coloris de cadre Racing red, étriers de frein anodisés or, sabot moteur couleur carénages et cache de réservoir en acier inoxydable.
Style 2 (celle de notre essai) : Teinte Thunder grey metallic, coloris de cadre Agate grey metallic matt, étriers de frein anodisés or, protection de réservoir en acier inoxydable.
Plus techno
BMW a mis toute sa science dans cette R1200R. Cela commence par le tableau de bord qui regroupe beaucoup d’informations. Si la vitesse est affichée de manière classique sur un compteur de vitesse analogique, on trouve à coté de lui un écran à matrice active (TFT) équipé d’un capteur de luminosité qui adapte automatiquement l’intensité lumineuse de l’écran à la lumière ambiante et fait automatiquement basculer l’écran entre look diurne et look nocturne.
Mais trop d’informations tue l’information… On a du mal à se repérer et il faut un certain temps avant de prendre ses repères. Le compteur tours, sous forme d’un diagramme à barres, n’est pas mis en valeur.
Cependant, l’ordinateur de bord fait partie de la dotation de série et il est possible d’opter pour trois modes différents d’affichage (complet, sport ou tourisme) qui présente tout ou une partie des informations. Il comprend les affichages suivants : kilométrage total, journalier Trip 1 et Trip 2, autonomie, température extérieure, température moteur, consommation moyenne, vitesse moyenne, date, niveau d’huile et contrôle de la pression de gonflage.
Pour les plus « geek » d’entre nous, il est possible, en option, de choisir l’ordinateur de bord Pro qui permet d’enrichir encore ces informations (Compteur journalier automatique, consommation moyenne 1+2, consommation instantanée, tension du réseau de bord, compteur durée de pilotage totale, compteur durée du trajet actuel, date de révision et kilométrage restant jusqu’à la révision). Ce n’est plus une moto, c’est un Iphone !
Un nouvel équipement très pratique fait son apparition, surtout pour quelqu’un comme moi qui ne sait jamais où il a mis la clé de contact… Il s’agit du Keyless Ride (en option) qui permet de déverrouiller et de verrouiller la serrure de contact ainsi que la trappe du réservoir sans sortir la clé de contact. Il suffit de la garder dans la poche et, pour démarrer la moto, d’appuyer sur le bouton start, comme par le passé.
Sécurité maximale
La R1200 R reçoit, de série, le freinage ABS, l’antipatinage ASC et deux modes de pilotage « Rain » (pluie) ou « Road » (route). Etant donné le couple délivré par le moteur BMW, on apprécie, surtout le jour de notre essai, d’avoir un ange gardien qui tempère un accès d’optimisme à la remise des gaz. L’ABS, dont on ne vante jamais assez l’utilité quand une voiture freine sans crier gare sur une route mouillée, n’est pas « intrusif » et laisse une bonne marge de serrage de la poignée de frein avant d’intervenir.
Les plus inquiets ou les plus prudents d’entre nous opteront (en option) pour les« modes de pilotage Pro » et choisiront le style Dynamic (sportif, meilleure réponse des gaz) ou User (configuration selon votre envie). Ils pourront même ajouter le Contrôle de traction dynamique (aussi en option.)
La suspension pilotée ESA est un plus avec ses modes « Road » et« Dynamic », mais elle n’est pas indispensable et, à choisir, nous lui préférons le Shifter Pro. Cet équipement rend la conduite plus agréable car il permet non seulement de monter les rapports sans toucher à l’embrayage mais aussi, et c’est nouveau, de les descendre. Lorsque que l’on décide de hausser le rythme, c’est un régal d’entendre les vitesses passer en un éclair. En rétrogradant, le système met un petit coup de gaz pour éviter tout blocage de roue.
Moteur punchy
Le 1200 est le traditionnel bi-cylindres à plat à double ACT qui développe, dans le monde libre 125 ch à 7 750 tr/min et atteint son couple maximal de 125 Nm à 6 500 tr/min. Ce dernier est d’ailleurs omniprésent dès les plus bas régimes et on peut choisir « d’enrouler » sur un rapport élevé, puis de relancer pour doubler sans avoir besoin de tomber un rapport. D’ailleurs, l’indicateur du point de changement de vitesse invitant à passer le rapport supérieur pour économiser du carburant indique souvent que l’on peut rouler une vitesse plus haute ! On se surprend alors à suivre son conseil et, miracle, la R 1200R accepte sans broncher.
Si vous le pouvez, prenez la bulle en option car elle permet d’affronter l’autoroute en offrant une réelle efficacité.
Sur les petites routes que nous avons empruntées, on apprécie la légèreté dont fait preuve la nouvelle R 1200R dans les changements d’appuis. On la balance à gauche puis à droite dans un enchaînement rapide avec délectation, le tout dans un confort parfait grâce à une selle moelleuse. Sur ce point, elle progresse par rapport à l’ancienne version. Mais l’abandon du Téléver pénalise au freinage avec une légère plongée et pour la prise de freins sur l’angle, qui relèvent naturellement la moto. Ces deux phénomènes n’existaient pas avant.
Enfin, les gaz d’échappements passent par une ligne du type 2-en-1 et, dès la mise en route, on sent que les metteurs au point de chez BMW ont travaillé la sonorité. En action, on se rapproche d’un gros mono à bas régime qui s’éclaircit la voix au fur et à mesure que le compte tours grimpe… On en redemande !
Les plus
Moteur plus punchy
Look plus moderne
Haute technologie
Confort et agilité
Les moins
Tableau de bord compliqué
Abandon du Télélever pour les phases de freinage
ZOOM : Le casque de l’essai
En parallèle de notre essai, nous avons pu tester le Shark SKWAL, grosse nouveauté du fabricant français qui innove en intégrant 3 LEDS, ce qui en fait un des premiers intégraux de série au monde équipé de cette technologie. Ainsi, de nuit, on est mieux vu par les autres usagers. L’utilisation est simple : des batteries rechargeables permettent d’avoir une autonomie de 5 heures en continu et 10 heures en clignotant. Elles sont prévues pour 5000 cycles de recharges, soit une durée de vie de plus de 13 ans à raison d’une par jour…
Le design de notre version d’essai, avec cette couleur orange très tranchante, permet aussi d’être plus visible. Le système « Autoseal » plaque l’écran sur le casque, permet une meilleure insonorisation et rend le casque étanche (eau et froid). Les aérations efficaces nous ont permis de ne pas avoir de buée, même à l’arrêt, alors que le thermomètre indiquait un petit +1°… Sur autoroute, en complément de la bulle de la R 1200R, le casque s’est montré stable. Le poids (1470 grammes) est du à la présence d’une visière anti-soleil intégrée facile à manipuler. Disponible en XS, S, M, L & XL.
A partir de 219€ TTC (Prix généralement constaté).
Texte et photos: Philippe HORTAIL