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BMW 700 : elle a sauvé la marque bavaroise!

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Le 9 décembre 1959, lors d’une assemblée générale extraordinaire, la marque BMW à l’agonie devait être cédée à Mercedes. Herbert Quandt, l’un des gros actionnaires, lassé de perdre de l’argent depuis des années, était d’ailleurs tout à fait d’accord.

La présentation récente du petit coupé 700 au salon de Francfort l’avait tout de même ébranlé. Condamner une aussi jolie voiture ! La foi des petits porteurs, du réseau séduit par la 700, les milliers de commandes déjà enregistrés, la visite du bureau d’études où la 1500 était ébauchée le firent changer brusquement d’avis. Il racheta suffisamment d’actions pour bloquer la vente ce fameux 9 décembre. Après ce formidable coup de théâtre, Quandt se retrouva actionnaire majoritaire de BMW et maître à bord avant de devenir l’un des hommes les plus riches de la planète grâce en partie à cette voiture magique.

Un moteur de moto

Pas aussi magique que cela. En fait, la 700 était étroitement extrapolée de l’Isetta 600 née en 1958. Un monospace avant l’heure à 4 places animé par le flat twin 600 cm3 de la moto R60. Un colossal échec ! C’est l’importateur autrichien BMW, Wolfgang Denzel qui eut l’idée de faire rhabiller la 600 en coupé. BMW séduit par l’idée demanda à l’Italien Michelotti d’affiner le dessin original. Le résultat ? Un ravissant petit coupé aux lignes simples mais élégantes avec un pavillon épuré. Il fut jugé si séduisant qu’on décida de le mettre en production ce qui n’était pas difficile puisque toute la structure était issue de la 600. Pour améliorer ses performances, le flat-twin de moto refroidi par une turbine fut poussé à 700 cm3 et 30 ch Din. Une belle puissance pour cette cylindrée en 1959.

Un accueil formidable

Au salon de Francfort, le petit coupé 700 fit sensation. Malgré son prix élevé, les bons de commandes s’entassèrent d’autant que BMW l’avait épaulé au dernier moment par une berline. En fait, il s’agissait simplement du coupé dont le pavillon avait été rehaussé de dix centimètres. Grâce à son moteur court et léger monté à l’arrière en faible porte à faux, la 700 n’offrait pas du tout la conduite vicieuse et survireuse d’une voiture à moteur arrière de l’époque. Elle tenait admirablement bien la route, virant très vite avec une étonnante agilité, qualités mises en avant par bonne suspension et une direction à la précision d’une montre suisse. Son petit flat-twin dans une sonorité par désagréable l’entraînait à 125 km/h avec de jolies reprises obtenues grâce à son poids léger (620 kilos) et une boîte à 4 vitesses bien étagée douce comme du velours. Son seul gros défaut restait son prix élevé surtout avec un équipement aussi succinct surtout en France.

Une machine à gagner les courses

BMW 700 5

Fabriquée à plus de 150 voitures par jour, la 700 permit à la marque à l’hélice de terminer l’étude de la nouvelle berline 1500/1800 qui la sauva véritablement. BMW proposa une version plus musclée apte satisfaire les nombreuses demandes. Alimenté par deux carburateurs, son petit 700 cm3 délivrait dans une jolie sonorité grave, la puissance de 40 ch DIN. Sans concurrence dans son segment, la BMW 700 Sport capable de 140 km/h devint la voiture idéale pour gagner les courses. Du coup, l’ancien pilote d’Auto Union, l’immense Hans Stuck senior ressortit de sa retraite pour devenir le roi de la montagne avec sa minuscule barquette 700 dont les ultimes versions dépassaient les 70 ch.

Plus longue de 32 cm

Au salon de Genève 1963, BMW dévoila la 700 LS. Si elle conservait le 700 cm3, sa carrosserie allongée de 32 cm (3,86 m) vers l’arrière comptait quatre vraies places lié à un pavillon au dessin arrière différent. Mieux équipé, ce modèle convenait mieux aux familles malgré ses deux portes. BMW savait bien que le bicylindre trop petit et bruyant emprunté à une moto n’était plus en adéquation avec cette carrosserie plus flatteuse. La marque commença à plancher sur un 4 cylindres 850 cm3 refroidi par eau dont l’étude fut interrompue face à l’accueil très positif rencontré par la nouvelle 1500. L’avenir ne passait plus par la 700 qui de surcroît, coûtait trop cher à fabriquer.

La voiture évolua peu jusqu’en 1965 où sa production fut arrêtée après que la marque ait standardisé l’empattement long de la LS sur le coupé 1964 ce qui ne lui alla pas du tout. Après 176 631 exemplaires (dont 25 000 coupés), la 700 tira sa révérence en 1965 en laissant dans le cœur de tous ceux qui en ont possédée une, que des regrets émus. C’est le cas de votre serviteur qui a eu trop brièvement un coupé 700 30 ch crème dont on ne trouvait déjà plus de pièces après avoir loupé une rare 700 Sport bleu céramique sur les conseils de son père qui lui avait dit après l’essai. « Attends un peu avant de le rappeler, il baissera son prix ! »

Trois jours plus tard, lorsque j’ai téléphoné au vendeur, elle était vendue. Papa, toi qui dors avec les anges, je t’en veux encore.

Texte et photos : Patrice Vergès

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